Vidéos. Casablanca: Sit-in de solidarité avec le journaliste Raissouni en grève de la faim depuis 66 jours

Vidéos. Sit-in de solidarité avec le journaliste Raissouni en grève de la faim depuis 66 jours

Des dizaines de soutiens du journaliste Soulaimane Raissouni en grève de la faim depuis 66 jours, après plus d’un an de détention provisoire, ont bravé l’interdiction observant un sit-in de solidarité à Casablanca, a-t-on constaté sur place.

 

 

Des dizaines de soutiens du journaliste Soulaimane Raissouni en détention préventive depuis près de 13 mois et en grève de la faim depuis 66 jours, ont bravé l’interdiction des forces de l’ordre observant un sit-in de solidarité avec les deux détenus politiques Soulaimane Raissouni et Omar Radi.

Ce samedi 12 juin, l’accès à la place des Nations Unies, dite place Maréchal, à Casablanca a été interdit. Idem pour la station du tramway portant le nom de la place qui a également été fermée.

Un dispositif sécuritaire similaire à celui du sit-in des familles organisé début mai dernier dans la place a été dressé sur les différents accès à la place.

Tout un dispositif pour un pâle sit-in de solidarité

Une dizaine de véhicules des forces auxiliaires et des dizaines de policiers étaient placés aux abords de la place pour empêcher toute personne d’y accéder.

Malgré ce dispositif visant à bloquer l’accès aux militants, ces derniers n’étaient pas au rendez-vous. En effet, seuls quelques militants de la section de Casablanca de l’AMDH et d’Attac Maroc ont répondu à l’appel de l’AMDH.

La militante de l’AMDH et du Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS), Halima Karkouri, a réitéré l’appel de l’AMDH à garantir un procès équitable aux journalistes détenus Soulaimane Raissouni et Omar Radi.

L’Etat responsable de toute atteinte au droit de la vie de Raissouni

Rappelons que l’instance de soutien de Radi, Raissouni, Monjib et les autres victimes de violation de la liberté d’expression au Maroc ainsi que le Comité local de Casablanca pour la liberté d’Omar Radi et tous les prisonniers d’opinion, ont publié un communiqué, vendredi 11 juin, responsabilisant l’Etat marocain de toute atteinte au droit de la vie du journaliste Soulaimane Raissouni.

« L’État marocain est pleinement responsable de toute atteinte au droit à la vie de Soulaimane Raissouni », affirme d’emblée les deux comités.

Considérant le procès en cours de Soulaimane Raissouni comme un simulacre de procès digne d’une farce judiciaire, les soutiens du journaliste sont revenus sur les circonstances de l’audience d’hier, jeudi 10 juin 2021.

Tout en rappelant que la comparution de Soulaimane Raissouni alors qu’il est dans un étant de santé détérioré en raison de sa perte de 32 KG après 64e jour de grève de la faim –après plus d’un an en détention provisoire–, les comités ont souligné la grave détérioration de son état de santé la veille de l’audience.

Une aggravation qui n’a pas empêché la Cour de s’entêter à poursuivre l’audience sans aucune considération de son état de santé.

Dans ce sens, il est à souligner que les avocats Me Mohamed Messaoudi et Me Miloud Kandil qui ont visité Raissouni mercredi ont informé la Cour pendant l’audience que le médecin du Centre médical polyvalent de la prison locale d’Oukacha ainsi qu’un médecin spécialiste ont mis en garde contre le risque éminent d’un arrêt cardiaque qui peut survenir à n’importe quel moment.

L’entêtement singulier du juge Bouchaib Farih

C’est dans ce sillage que l’Instance ainsi que le Comité ont, partant de tout ce qui précède, souligné que l’équipe des avocats et tous les présents s’attendaient en vain à ce que la Cour agisse vis-à-vis de cette situation selon une approche humanitaire.

Critiquant acerbement « l’approche singulière » de la Cour présidé par le juge Bouchaib Farih, les soutiens de Raissouni ont considéré que ce dernier « a fait fi  des principes du droit à la vie et du droit à un procès équitable ».

Face à ces éléments qui révèlent le caractère politique de ce procès, les comités signataires considère que « l’État marocain, et en premier lieu les organes judiciaires qui traitent ce dossier, sont pleinement responsables de ce qui pourrait arriver d’un moment à l’autre lorsque la justification et le regret ne serviraient à rien ».

Un suivi médical s’avère plus que nécessaire

Tout en réitérant leur demande au pouvoir judiciaire de traiter ce dossier de manière indépendante et impartiale, et d’accepter la poursuite de Soulaimane Raissouni en état de liberté, ils mettent l’Etat face à sa responsabilité en lui demandant « d’assurer le suivi médical urgent et nécessaire à travers sa prise en charge dans un service de soins intensifs et sous surveillance d’une équipe médicale spécialisée ».

L’Instance ainsi que le Comité exigent du « Conseil National des Droits de l’Homme d’assumer ses responsabilités en vue de protéger le droit à la vie et le droit à un procès équitable d’autant plus qu’il reste inapproprié de la part de cette institution nationale de rester neutre sur un tel dossier ».

Ils exhortant « toutes les instances politiques, syndicales et associatives à s’impliquer dans une campagne de solidarité numérique et sur le terrain pour exiger la libération de Soulaimane Raissouni et Omar Radi et tous les autres prisonniers d’opinion ».

Et déclarent que toute personne attachée au principe du procès équitable et au droit à la vie doit se mobiliser pour défendre les valeurs humaines universelles et éviter de remémorer demain ou après-demain la ruse de Gyandé le lion et l’histoire des trois bœufs marron, blanc et noir.

A noter par ailleurs que le grand frère de Soulaimane,   Ahmed Raissouni, le président de l’Union mondiale des savants (érudits) musulmans, n’a pas reconnu son frère lors de sa visite à la prison Oukacha, samedi 12 juin.