Il n’a jamais été aussi près d’admettre sa défaite: Donald Trump a finalement donné lundi soir son feu vert au processus de transfert du pouvoir à Joe Biden, qui avait commencé, sans l’attendre, à dessiner son gouvernement.
Après plus de deux semaines d’un refus sans précédent dans l’histoire politique américaine, M. Trump s’est toutefois encore gardé de reconnaître directement la victoire du démocrate.
Il a promis sur Twitter de poursuivre un « juste combat » alors qu’il multiplie les recours en justice, sans succès, pour tenter de démontrer des fraudes lors du scrutin présidentiel du 3 novembre. Et « je crois que nous triompherons« , a-t-il affirmé.
« Néanmoins« , a nuancé le président américain sortant, « dans l’intérêt supérieur de notre pays, je recommande » que l’agence gouvernementale chargée du transfert du pouvoir fasse « ce qui est nécessaire concernant les protocoles, et j’ai demandé à mon équipe de faire de même« .
Vers un transfert du pouvoir pacifique
L’équipe de Joe Biden a aussitôt pris note d’une étape permettant « un transfert du pouvoir pacifique et sans accroc« .
Le démocrate prépare son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier avec plusieurs personnalités chevronnées ayant servi sous Barack Obama, comme Antony Blinken, futur chef de la diplomatie américaine, ou Janet Yellen, pressentie au Trésor.
L’ancien secrétaire d’Etat John Kerry, 76 ans, fera lui aussi son retour à Washington en tant qu’émissaire spécial du président sur le climat, signe de l’importance qu’accorde Joe Biden à ce dossier.
Aucun doute ne pesait plus sur le fait que le démocrate deviendrait le 46e président des Etats-Unis.
Mais le déni jusqu’ici de Donald Trump signifiait notamment que le président élu n’avait toujours pas accès aux informations classées secret défense sur les questions ultra-sensibles concernant la sécurité des Etats-Unis, comme c’est l’usage.
Il n’a pas non plus pu commencer à coordonner avec l’équipe Trump la gestion de la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 257.000 morts aux Etats-Unis.
Le président sortant était devenu de plus en plus isolé dans son appel aux républicains à « se battre » en justice, de grands noms de son parti voyant même dans le comportement des avocats de Donald Trump « une honte nationale », digne d' »une république bananière« .
La Bourse de Tokyo a grimpé à l’ouverture mardi matin après le feu vert du milliardaire au processus de transition.
Biden veut être opérationnel dès le premier jour
« J’ai besoin d’une équipe prête au premier jour« , composée de personnes « expérimentées et éprouvées aux crises« , a expliqué lundi Joe Biden en donnant les premiers grands noms de son futur gouvernement.
A 78 ans, le vieux routier de la politique essaie aussi de constituer une équipe « qui ressemble » aux Américains, avec une plus grande place aux femmes et aux minorités.
Il prévoit ainsi, selon une source dans son entourage, de nommer l’ancienne présidente de la Banque centrale Janet Yellen, 74 ans, au Trésor, un poste occupé uniquement par des hommes jusqu’ici.
Alejandro Mayorkas devrait, pour sa part, devenir le premier Hispanique ministre à la Sécurité intérieure.
Une diplomate expérimentée afro-américaine, Linda Thomas-Greenfield, 68 ans, deviendra elle ambassadrice à l’ONU.
Joe Biden a également pioché dans le vivier de ses proches. Antony Blinken, 58 ans, qui doit devenir son secrétaire d’Etat, était jusque-là un de ses principaux conseillers en diplomatie.