Dong Yaoqiong, la Chinoise qui s’était filmée en train de jeter de l’encre sur un portrait du président Xi Jinping, a affirmé dans une vidéo avoir été forcée à un internement en unité psychiatrique.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, l’homme fort de Pékin a considérablement renforcé son emprise sur le pays: il a notamment obtenu l’abolition de la limite de deux mandats présidentiels de cinq ans et inscrit « la Pensée Xi Jinping » dans la constitution du pays.
Le président chinois fait par ailleurs l’objet dans les médias d’un quasi-culte de la personnalité et la peur de représailles bloque en général toute contestation.

En 2018, Dong Yaoqiong, aujourd’hui âgée de 31 ans, s’était mise en scène dans une vidéo rapidement devenue virale.
Marchant dans un quartier d’affaires de Shanghai, on la voyait jeter de l’encre sur une affiche à l’effigie du président chinois, puis déclarer: « Xi Jinping, j’attends ici que tu viennes m’arrêter ».
Pour la première fois depuis cette affaire, la jeune femme s’est exprimée dans une autre vidéo publiée sur Twitter, un réseau social bloqué en Chine.
Dans une courte séquence, Dong Yaoqiong explique s’être vu attribuer un emploi à sa sortie de soins psychiatriques en début d’année.
This is Dong Yaoqiong, after she splashed ink on Xi’s poster in ’18, she was put to mental hospital multiple times. The high restrictions put on her life has made her on the verge of collapse, she posted this vid recently and then was locked up again, pls show solicitude for her! pic.twitter.com/5UaIXipvhM
— 靜? (@jing1989) December 1, 2020
La liberté à la chinoise
La jeune femme est depuis confinée dans sa province natale du Hunan (centre), où elle vit avec sa mère, selon la militante des droits de l’homme Hua Yong, qui suit l’affaire depuis 2018.
Dans la vidéo, Dong Yaoqiong assure que les autorités limitent désormais fortement ses mouvements et les personnes qu’elle est autorisées à voir.
« Je veux me battre pour ma liberté. Pour ma liberté de choisir un travail et mes propres amis. Je n’ai plus aucune liberté », peste la jeune femme.
« Je préfère mourir, je ne supporte plus cette surveillance étouffante – je suis au bord de l’effondrement », déclare-t-elle en larmes.
« Ai-je commis un crime? », s’interroge Mme Dong.
Dong Yaoqiong n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP mais des amis ont indiqué qu’elle a été admise de force à deux reprises, depuis 2018, dans une unité psychiatrique.
Selon l’association Chinese Human Rights Defenders (CHRD), le régime du président Xi Jinping a régulièrement recours à l’internement psychiatrique forcé pour réprimer les dissidents.