Le président américain Donald Trump a signé dimanche soir une loi autorisant l’imposition de sanctions américaines contre des responsables chinois qui interféreraient dans le processus de succession du Dalaï Lama.
La désignation du prochain Dalaï Lama constitue d’ores et déjà un énième point de discorde entre Washington et Pékin.
En effet, inquiet que Pékin essaie de choisir le successeur du dirigeant spirituel tibétain de 85 ans afin d’affaiblir les velléités autonomistes de la région himalayenne sous contrôle chinois, le Congrès américain avait approuvé à une majorité écrasante cette loi.
Selon Pekin, cette loi « interfère de façon grossière avec les affaires internes de la Chine« .
Ce texte a été inclus dans la loi budgétaire massive qui contient des mesures de soutien à l’économie américaine, signée dimanche soir par Donald Trump.
Une interférence grossière selon Pékin
La loi sur le Tibet, proposée conjointement par des démocrates et des républicains, dispose que la sélection, l’éducation et la vénération du Dalaï Lama et d’autres moines sont « des questions exclusivement spirituelles qui doivent être tranchées par les autorités religieuses concernées au sein de la tradition bouddhiste tibétaine ».
Les Etats-Unis imposeront des sanctions contre les responsables « qui interféreraient directement avec l’identification et l’intronisation du futur 15e dalaï lama du bouddhisme tibétain », selon la nouvelle loi.
Le texte empêche aussi l’ouverture de nouveaux consulats américains en Chine tant que Washington n’aura pas été autorisé à en installer un dans la capitale tibétaine, Lhassa.
Il prévoit des financements à des groupes oeuvrant pour la conservation culturelle, l’éducation et le développement durable dans la région himalayenne.
Le dalaï lama veut rompre avec la tradition
La campagne internationale pour le Tibet, proche du Dalaï Lama, a salué l’adoption de cette loi montrant selon l’ONG que « la communauté internationale n’acceptera pas l’ingérence de la Chine dans la succession » de l’autorité spirituelle tibétaine.
Le charismatique quatorzième dalaï lama, qui a ralenti le rythme de ses déplacements, autrefois soutenu, a été hospitalisé en avril pour une infection pulmonaire.
Conscient que la Chine pourrait essayer de lui désigner un docile successeur, il a évoqué l’idée de rompre avec la tradition en désignant lui-même son successeur, possiblement une femme, de son vivant, ou la possibilité de mettre un terme à cette institution à sa mort.
En mai 1995, le dalai lama avait déclaré Gedhun Choekyi Nyima, alors âgé de 6 ans, réincarnation du Panchen Lama — le numéro deux de la hiérarchie bouddhiste tibétaine. Il avait été aussitôt arrêté par les autorités chinoises et n’a pas été revu depuis.