En grève de la faim depuis 39 jours, le journaliste Soulaimane Raissouni boycotte désormais les appels téléphoniques suscitant de vives inquiétudes auprès de ses soutiens ainsi que de l’opinion publique.
Aux dernières nouvelles, il semble que le journaliste Soulaimane Raissouni boycotte les appels téléphoniques, selon une source au sein du CNDH citée par son épouse.
« Soulaimane n’a pas appelé vendredi et jusqu’à maintenant nous n’avons aucune information sur son état de santé », a confié Mme Mokhtari vendredi très tard dans la soirée.
Ce samedi soir, elle a déclaré via Facebook que son époux boycotte le téléphone. « La raison dernière ce boycott serait, d’après le CNDH, le souhait de Soulaimane de ne pas parler avec la famille », a-t-elle écrit.
Quelques heures auparavant, Mme Mokhtari nous a indiqué qu’elle s’est déplacée, vendredi, à la prison d’Oukacha où est incarcéré son mari pour déposer une petite somme d’argent que M. Raissouni a demandé lors de son appel du mercredi dernier.
Que du Miel et des dattes
Or, elle n’a pas pu remettre cette somme d’argent, affirme elle, afin qu’il puisse acheter l’eau au niveau de l’économat de l’établissement pénitencier ni de lui remettre un petit pot de miel et une petite boite de dattes. Khouloud qui s’inquiétait sur l’état de santé de son Mari vendredi s’est dise outrée par la réaction de l’Administration pénitentiaire.
« Ayant appris que les détenus seront autorisés à recevoir des fournitures de leurs proches pendant la période de l’Aïd Al-Fitr, comme précisé dans un communiqué de la DGAPR, j’ai pris l’initiative en vain d’amener un peu de miel à Soulaimane afin qu’il évite de mettre du sucre dans l’eau –étant donné qu’il ne prend pas de sucre–», nous a-t-elle raconté.
« J’ai pris également une boite de dattes dans l’espoir de le convaincre de mettre un terme à son mouvement », a-t-elle ajouté.
39 jours de grève de la faim pour Raissouni
« Or, l’employé qui m’a reçu m’a indiqué après consultation d’un responsable que le calendrier préparé par l’administration de l’établissement pénitentiaire prévoit la visite pour mercredi », a-t-elle soutenu.
C’est à ce moment qu’elle a essayé de convaincre l’employé de l’urgence de remettre le miel à M. Raissouni « à plus forte raison qu’à l’arrivée du mercredi Soulaimane serait en son 42e jour de grève de la faim et qu’il y aura le week-end après deux jours fériés. Fête d’Aïd Al Fitr oblige».
Une initiative qui n’est pas la bienvenue
« Je croyais que mon initiative serait bien accueillie et qu’on aurait droit –abstraction faite du calendrier– d’une mesure exceptionnelle surtout que Soulaimane est hospitalisé au CMP depuis 6 jours (centre médical polyvalent de la prison locale d’Oukacha) », a-t-elle regretté.
« Contrairement à ce qui a été déclaré par l’Administration pénitentiaire dans son communiqué comme quoi « les établissements pénitentiaires permettront aux détenus puissent contacter leurs familles afin de les informer de la date exacte et des conditions requises pour l’entrée des vivres, Soulaimane et Omar Radi ont été exclus de cette mesure », s’est elle désolée.
39 jours de grève de la faim pour Raissouni
Le 8 avril dernier Raissouni avait entamé une grève de la faim, dont cinq jours de jeûne complet pendant lesquels il refusait même de boire de l’eau, en signe de protestation contre sa détention provisoire et de l’ajournement sans cesse de son procès ainsi que celui de Omar Radi.
En détention provisoire depuis son arrestation le 22 mai 2020 devant son domicile à Casablanca, l’éditorialiste et rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum –qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières– est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT, suite à une convocation de ce dernier par la police, après une autosaisine du parquet.
La prochaine audience durant laquelle devrait débuter son procès, déjà renvoyé trois fois, est fixée au 18 mai.
La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a refusé à plusieurs reprises de lui accorder la liberté provisoire tout comme son collègue Omar Radi bien qu’ils disposent de toutes les garanties.
Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».