Raissouni boycotte la Supradyne, son épouse répond à Saleh Tamek

Après les accusations de Salah Tamek, Raissouni boycotte la Supradyne

Après l’accusation du délégué de l’administration pénitentiaire, Salah Tamek, aux journalistes Raissouni et Radi de ne pas observer « une grève de la faim au vrai sens du terme », Raissouni boycotte la Supradyne.

 

Le dossier des journalistes Soulaimane Raissouni et Omar Radi, en détention provisoire depuis près d’un an, ne cesse de connaître des rebondissements.

En effet, la chambre criminelle de première instance près la cour d’appel de Casablanca a refusé, ce mercredi 05 mai, d’accorder la liberté provisoire aux journalistes Soulaimane Raissouni et Omar Radi, selon leur comité de défense.

Ce refus intervient alors que le journaliste Soulaimane Raissouni poursuit une grève de la faim depuis 28 jours, dont cinq jours de jeûne complet pendant lesquels il refusait même de boire de l’eau, en signe de protestation contre sa détention provisoire et de l’ajournement sans cesse de son procès ainsi que celui de Omar Radi. Le dernier report en date des deux procès était celui de la semaine dernière quand le tribunal avait fixé la prochaine audience pour le 18 mai courant.

Omar refuse d’être soigné menotté

Ce énième refus d’accorder la liberté provisoire malgré les garanties offertes par la défense coïncide, également, avec la détérioration de l’état de santé d’Omar Radi en raison de l’évolution de sa maladie de Crohn (une maladie inflammatoire chronique du système digestif qui touche le gros intestin NDLR) à cause de sa grève de la faim de 21 jours qu’il a dû suspendre vendredi dernier après une rectorragie aiguë dont il avait souffert.

Transféré hier au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd pour y être soigné, Radi qui souffre de saignements rectaux répétitifs, à cause de l’évolution inquiétante de sa maladie de Crohn, a refusé d’être soigné menotté et devant des gardes.

Peu après cette décision du tribunal, l’épouse de Soulaimane Raissouni a déclaré, ce mercredi 05 mai, que son mari « a refusé de manger des dattes qui lui ont été données par le personnel médical depuis le début de sa grève de la faim » contrairement à ce qui a été affirmé par le Délégué général de l’Administration pénitentiaire de la réinsertion, Mohamed Salah Tamek, dans un article relayé par les supports proches des autorités.

Raissouni boycotte la Supradyne

« À partir de demain, il s’abstiendra à faire les contrôles médicaux quotidiens et boycottera la Supradyne », a déclaré Kholoud Mokhtari.

L’épouse de l’éditorialiste d’Akhbar Al Yaoum, qui n’a pas manqué de remercier chaleureusement le directeur de la prison d’Oukacha, où est incarcéré son mari, « qui se déplaçait même pendant les week-ends à la cellule de Soulaimane pour le convaincre de prendre la Supradyne ».

Selon Mme Mokhtari, le directeur de la prison tenait à ce que Soulaimane prenne la Supradyne « conformément aux prescriptions des médecins qui mettent en garde contre le danger de ne pas prendre ce médicament pendant la grève de la faim étant donné que Soulaimane souffre d’hypertension chronique et que son état risque d’être exacerbé par un déséquilibre de potassium ».

Khouloud Mokhtari répond à Saleh Tamek

Mardi, l’épouse du détenu Soulaimane Raissouni, Kholoud Mokhtari, n’a pas mâché ses mots dans une réponse à un article commis par le Délégué général de l’Administration pénitentiaire de la réinsertion, Mohamed Salah Tamek, dans lequel il a accusé « Chafik El Omrani, Soulaimane Raissouni et Omar Radi de ne pas être en grève de la faim au vrai sens du terme ».

Car, affirme le délégué dans ledit article, « ils consomment des dattes, du miel et des fortifiants tels que Berocca et Supradyne, et cela est filmé et consigné dans le registre des achats de l’économat de la prison».

« Arrêtez les mensonges qui ne visent qu’à nuire injustement à la réputation du pays », a écrit l’ancien détenu politique Mohamed Salah Tamek.

«Il semble que Mohamed Saleh Tamek, l’ancien prisonnier politique, qui a enduré l’enfer d’appartenir à un mouvement d’opposition pendant les années de plomb, trouve du plaisir pendant la nouvelle ère (l’ère de Mohammed VI NDLR) à nous insulter, et à insulter tous ceux qui écrivent sur la situation des journalistes Soulaimane et Omar tout au long de leur détention, dans des communiqués dont les paragraphes sont partagés entre lui et la police politique. Des communiqués qui portent entre leurs lignes un langage d’intimidation et qui sont empreints d’une volonté effrénée de continuer à se venger !

Nous avons dit qu’il n’y avait rien de mal à ce que ces parties défendent le point de vue d’assassiner les voix critiques via les communiqués de Tamek, et nous avons négligé la question, parce que nous sommes en deuil (…) mais  Tamek a franchi toutes les limites de sa mission à la tête de la délégation pénitentiaire.

Votre manque de courtoisie à l’adresse des familles et vos allégations à l’encontre de Soulaimane Raissouni qui sont allés jusqu’à décrire son calvaire de «manœuvres méprisables, ne sont qu’une tentative de couvrir le soleil avec un tamis », a-t-elle écrit sur son mur Facebook.