Après avoir entamé, jeudi, une grève ouverte de la faim, le journaliste Soulaimane Raissouni refuse désormais de boire de l’eau, raconte le journaliste détenu Omar Radi dans un appel avec sa famille.
Après sa décision d’entamer une grève de la faim, le journaliste Soulaimane Raissouni a eu droit à une fouille non courante de sa cellule.
Citant des affirmations de Driss Radi, le père du journaliste détenu Omar Radi, le journaliste Imad Stitou assure que « Raissouni n’a pas apprécié la manière dégradante avec laquelle il a été traité par le personnel de la prison d’Oukacha (Casablanca) ce qui l’a poussé à l’escalade ».
Le journaliste Imad Stitou, qui a dénoncé dans un poste Facebook la décision « flagrante et incompréhensible de la Direction de la prison d’Oukacha, d’interrompre un appel d’Omar Radi avec sa famille », nous a confié que c’est « la raison pour laquelle Soulaimane a refusé de boire de l’eau et même de s’entretenir avec ses avocats ».
Journalist Soulaiman Raissouni is apparently refusing to even drink water during his hunger strike. He doesn’t want to see his lawyers or speak to his family. #morocco https://t.co/51wyUiQdlB
— Aida Alami (@AidaAlami) April 9, 2021
« Un employé de l’administration pénitentiaire a dit à la famille de Radi que ce dernier n’était pas interdit d’appels, mais qu’il n’a pas droit de parler des questions politiques ni de celles concernant d’autres détenus », a-t-il indiqué a Femina News.
« Alors que nous essayions de convaincre Omar d’abandonner l’idée de rejoindre Soulaimane dans sa grève de la faim, compte tenu de sa mauvaise santé, nous craignons que ce comportement injuste ne le pousse à aller de l’avant avec sa décision », a-t-il poursuivi.
Selon lui, « ces actions saperaient les efforts visant à persuader Soulaimane Raissouni d’arrêter sa grève ».
Raissouni à bout de patience
En détention provisoire depuis son arrestation le 22 mai 2020 devant son domicile à Casablanca, le journaliste Soulaimane Raissouni semble être à bout de souffle.
«J’ai fait preuve de patience face à l’injustice pendant un an, alors que j’attendais que la voix de la sagesse et de la vérité se lève, mais aujourd’hui je suis à bout de patience », a déclaré Soulaimane Raissouni depuis sa cellule d’isolement.
« Je vais aller de l’avant, soit pour retrouver ma liberté, dont on m’en a privé arbitrairement, soit pour aller à la mort la tête levée et le cœur brisé. », a-t-il commenté sa décision d’entamer une grève de la faim.
«Nous espérions que les choses n’atteindraient pas ce point, car au final notre principale préoccupation est la santé de Soulaimane et qu’il revient auprès de nous saint et sauf, mais, hélas l’injustice qu’il subit à travers son arrestation arbitraire pendant près d’un an, sans procès et sans qu’il y ait de preuves l’incriminant, l’a poussé à mettre en péril sa vie contre sa liberté», a confié sa nièce Hajar Raissouni à Femina News.
« Nous avions espéré que la justice suivrait son cours et que Soulaimane allait être poursuivi en état de liberté en raison des garanties dont il disposait afin qu’il puisse préparer sa défense et affronter le plaignant devant un tribunal qui remplit les conditions d’un procès équitable, mais malheureusement cela ne s’est pas produit et cela confirme la dimension de vengeance dans la poursuite de mon oncle Soulaimane Raissouni», a-t-elle soutenu.
Pour sa part, le Comité de soutien du journaliste s’est inquiété du fait qu’il « est exposé à de graves complications sanitaires à cause de sa grève de la faim, en raison de sa maladie chronique et il nécessite un traitement médical continu et un suivi ».
Un membre du comité a considéré que « le traitement judiciaire de cette affaire n’a pas été équitable et n’a pas respecté la présomption d’innocence ».
« Des pressions sur l’Etat »
« C’est pourquoi Raissouni est allé jusqu’à l’usage de la dernière arme en sa possession. C’est le seul moyen d’action qui lui reste pour se faire entendre à l’extérieur de sa cellule ».
« Sa décision de se lancer dans une grève totale, un jeûne complet, en refusant également de boire de l’eau, est très grave étant donné que sa santé va se dégrader rapidement et gravement », a-t-il regretté.
L’Administration pénitentiaire s’est fendu, samedi 4 avril, d’un communiqué considérant qu’il s’agissait d’une fouille routinière. « La chambre où réside le détenu (S.R) a fait l’objet d’une opération de fouille dans le total respect des dispositions légales en vigueur », indique ledit communiqué.
L’initiative de Raissouni a placé l’administration, dit-elle, « dans l’obligation de son placement sous surveillance médicale sous la supervision du personnel médical de l’établissement ».
La Direction de Saleh Tamek a responsabilisé le détenu « des conséquences qui peuvent résulter de son entrée dans la grève de la faim, ainsi que sa famille et toutes les parties qui le poussent à entrer dans cette grève, et coordonne entre lui et le prisonnier (O.R) afin de faire pression sur l’État et contourner la voie judiciaire de leurs deux affaires toujours devant la justice ».