Le leader du Hirak populaire du Rif, Nasser Zefzafi, a annoncé depuis sa cellule, son retrait de la direction du Hirak en raison «des luttes pour le leadership entre les fils du Rif».
«J’annonce à l’opinion publique nationale et internationale que j’ai renoncé à la gravissime responsabilité qui m’avait été imposée par la conjoncture et qui avait été bénie par les foules. Ceci afin de laisser la place aux autres. Peut-être qu’ils réussiront là où j’ai échoué», a-t-il écrit dans une lettre relayée par son père, Ahmed Zefzafi.
Le leader du Hirak, qui purge une peine de 20 ans de prison, a déclaré :
« J’ai assumé la responsabilité d’un activiste du Hirak du Rif pendant plus de quatre ans, et j’ai toujours eu envie de voir mes pairs rifains comme un «bâtiment compact», et pas comme veulent les voir les ennemis du Rif. Mais, mes rêves se sont évaporés et je me suis affronté avec des conflits qui n’auraient pas eu lieu s’il n’y avait pas des intentions malsaines de la part de gens obsédés par le leadership, la renommée et l’amour de soi ».
Il a considéré que « le Rif a raté une occasion historique que certains Rifains ont fait échouer eux-mêmes laissant ainsi à l’ennemi la possibilité de s’emparer du Rif ».
« Face à cette guerre fomentée que des Rifains mènent par procuration pour le compte de l’ennemi devenant ainsi comme des pelles qui s’autodémolissent », le leader du Hirak, actuellement, en détention à la prison de Tanger a décidé de se retirer de la direction du Hirak.
Nasser Zefzafi a, dans la même lettre, remercié tous ceux qui l’ont soutenu dans ses malheurs qu’il a endurés, selon ses termes, ceux qui ont pleuré et prié pour lui, ceux qui ont milité pour sa liberté ainsi que ceux qui ont soutenu sa famille.
Message ambigu de Nasser Zefzafi
Il semble que Zefzafi s’adresse aux 20 activistes du Hirak rifain qui ont été libérés fin juillet 2020 à l’occasion de la fête du Trône, d’entre 1446 prisonniers graciés à l’époque par le Roi Mohammed VI.
20 prisonniers du Hirak du Rif avaient été libérés, dont des activistes connus comme Lahbib El Hannoudi.
Rappelons que le mouvement contestataire a démarré le 28 octobre 2016 dans la ville d’Al Hoceïma à la suite d’une indignation générale provoquée par la mort accidentellement de Mohcine Fikri, un vendeur de poisson broyé dans une benne à ordures en essayant de récupérer sa marchandise illégale, confisquée par les autorités.
En octobre 2016 et durant 10 mois successifs, des protestations avaient éclaté dans la ville d’Al Hoceïma et dans plusieurs autres villes du Rif, pour exiger l’équité sociale et le développement de la région.
Arrêté en mai 2017 en pleine contestation sociale dans la région du Rif, Nasser Zefzafi avait été condamné, fin juin 2018, à 20 ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat », au terme de neuf mois d’un procès qui a réuni 53 accusés.