Migrants: Varsovie alerte sur une violation massive de la frontière de l’UE

Migrants: Varsovie alerte sur une tentative massive de violation de la frontière de l'UE

Les autorités polonaises ont dénoncé lundi que des centaines de migrants essayaient de franchir la frontière de ce pays, limite orientale de l’Union européenne, en provenance du Bélarus, l’Otan jugeant l’utilisation des migrants par Minsk de « tactique hybride inacceptable ».

L’UE accuse le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui le dément, d’avoir orchestré une vague de migrants et de réfugiés, venus principalement du Moyen-Orient pour tenter d’entrer sur le territoire de l’UE, en représailles aux sanctions imposées par Bruxelles à la suite d’une répression brutale de son régime contre l’opposition.

La Pologne a envoyé des milliers de soldats à la frontière, y a construit une clôture à lames rasoirs et appliqué un état d’urgence local où les journalistes sont interdits de travailler.

Les migrants à l’assaut de Kuznica

« Un groupe de quelques centaines de personnes se dirigent vers le passage frontalier de Kuznica. Un groupe a déjà essayé de franchir la frontière », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Müller.

Selon lui, cette une opération est organisée « par les personnes liées à des services spéciaux bélarusses ».

« L’utilisation des migrants par le régime (du président bélarusse Alexandre) Loukachenko comme tactique hybride est inacceptable », a estimé dans un communiqué un responsable de l’Otan, se disant « préoccupé » par « l’escalade » de la situation à la frontière.

« Nous sommes préoccupés par la récente escalade à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. Nous appelons le Bélarus à se conformer au droit international », ajoute-t-il.

Depuis la matinée, des dizaines de vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux montrant des groupes de centaines de personnes, avec des vêtements chauds et des sacs à dos, marchant le long d’une route.

Une vidéo a été prise au Bélarus

Selon une géolocalisation faite par le service de fact-checking de l’AFP, une des vidéos a été prise près de bâtiments à Bruzgi au Bélarus, à 1,2 kilomètre de la frontière avec la Pologne.

Une vidéo publiée par le ministère polonais de la Défense fait état de centaines de migrants réunis le long de la frontière près du poste frontière Bruzgi-Kuznica.

Une autre vidéo publiée par le ministère de l’Intérieur montre une partie de la clôture frontalière installée par la Pologne détruite, avec d’un côté des centaines de migrants, et de soldats, gardes frontières polonais et la police en tenue anti-émeute de l’autre.

« Les services polonais ont empêché les migrants de se frayer un chemin du côté polonais au sud du poste frontière de Kuznica. La situation était sous contrôle », a indiqué le ministère dans le tweet.

Les garde-frontières bélarusses ont confirmé lundi dans un communiqué qu' »en ce moment, un grand groupe de réfugiés avec des effets personnels se déplace le long de l’autoroute vers la frontière avec la Pologne ».

A Varsovie, une cellule de crise du gouvernement avec la participation du Premier ministre Mateusz Morawiecki, les ministres de l’Intérieur et de la Défense s’est réunie à 13:00 locales (12:00 GMT) pour discuter de la situation.

10 migrants sont morts

Au moins 10 migrants sont morts jusqu’à présent dans la région, dont sept du côté polonais de la frontière, selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

La chef de l’opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa a reproché lundi dans un tweet à l’homme fort le président Alexandre Loukachenko d’avoir orchestré ce qu’elle a qualifié d' »attaque hybride » et a appelé le Conseil de sécurité des Nations Unies à réagir dans un message publié lundi sur Twitter.


« Les migrants sont poussés à la frontière par des hommes armés. Loukachenka est pleinement responsable de l’attaque hybride contre la Pologne, la Lituanie et l’Union européenne. « Le trafic de migrants, la violence et les mauvais traitements doivent cesser. Une réponse forte est nécessaire. #UNSC devrait discuter de cette crise », a déclaré Tikhanovskaya.

De 3.000 à 4.000 sans-papiers se trouvent à la frontière de la Biélorussie et de la Pologne, a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Muller à l’issue d’une rencontre avec le président sur la crise migratoire à la frontière avec la Biélorussie.

« Dans le même temps, nos agences informent que des transports en provenance des pays arabes sont constamment organisés vers le territoire de la Biélorussie », a-t-il ajouté.