Rares sont les femmes victimes de violence conjugale qui saisissent la justice au Maroc: 2% quand il s’agit de violences sexuelles, 7% après des agressions physiques, selon une étude officielle publiée jeudi à Rabat.
Pour les violences subies dans l’espace public, 22% des victimes portent plainte quand il s’agit d’agression physique, 3,5% quand l’agression est sexuelle, selon cette étude publiée par le Haut-Commissariat au Plan, avec le soutien de l’ONU-femmes.
Seules 3,5% des victimes de violences sexuelles conjugales quittent leur foyer, 16% quand il s’agit de violences physiques, moins d’une sur dix (8%) cesse ses « engagements familiaux » quelle que soit l’agression subie, selon la même étude.
7% quittent leur travail à cause de la violence
Les stigmates de la violence physique des époux vont des égratignures et ecchymoses (dans 52,2% des cas), aux fractures, « incisions profondes », fractures ou cassures des dents, leurs violences sexuelles entraînent « blessures et déchirures au niveau des organes génitaux » dans plus 13% des cas, avec des grossesses non désirées dans 3,5% des cas.
Moins de la moitié des victimes des violences les plus graves font appel à un professionnel de la santé.
Pour les femmes actives, les violences – qu’elles soient ou non subies dans le cadre conjugal – ont entraîné une perte moyenne de 14 jours de travail par an.
Environ 40% de femmes victimes de violences dans un cadre professionnel ont dû changer de travail, 7% ont « carrément quitté le marché du travail », souligne l’étude.
Le coût social des violences
Plus d’une femme sur deux a été victime d’une forme de violence au Maroc en 2019, selon les statistiques officielles.
Cette étude sur le « coût social » de ces violences a été menée entre février et juillet 2019 avant la pandémie de Covid-19 sur une population de 15 à 74 ans.
Plusieurs organisations féminines se sont inquiétées ces derniers mois de la hausse des violences conjugales pendant les longs mois de confinement liés à la crise sanitaire.
Le Maroc a adopté en 2018 une loi contre les violences faites aux femmes, rendant pour la première fois passible de peines de prison les actes « considérés comme des formes de harcèlement ou de mauvais traitement ».
L’étude qui ne prend notamment pas en compte les violences conjugales a été jugée insuffisante par des associations féministes.