L’ancien rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, Soulaimane Raissouni, arrêté depuis le 22 mai 2020, a annoncé ce jeudi qu’il entame une grève ouverte de la faim.
En détention provisoire depuis son arrestation le 22 mai 2020 devant son domicile à Casablanca, le journaliste Soulaimane Raissouni entame une grève de la faim « illimitée ».
« Soulaimane Raissouni a pris la décision de s’engager dans la bataille des intestins vides, pour protester contre son arrestation arbitraire et sa détention provisoire depuis près d’un an sans procès, en l’absence de preuves l’incriminant », peut-on lire dans un communiqué du journaliste publié par sa femme Khouloud Mokhtari.
Le journaliste, dont le procès n’a pas encore démarré puisque il a été reporté dès sa première audience le 30 mars, proteste contre « l’injustice qu’il a subie avant et après son arrestation. A commencer par les menaces qu’il avait reçues et la diffamation dont il a été victime ainsi que plusieurs membres de sa famille, et le rallongement injustifié de l’instruction préparatoire qui n’a produit aucune preuve contre lui ».
Arrêté suite à une auto saisine du parquet, sur la base d’allégations sur un faux compte Facebook d’un jeune homme de la communauté LGBT sur des faits présumés « d’attentat à la pudeur avec violence et séquestration » qui remontent à 2018, le journaliste considère que sa détention est arbitraire et que l’information judiciaire n’a pas été impartiale.
Soulaimane Raissouni, la liberté ou la mort
« Bien que l’instruction pendant la détention préventive puisse aboutir à la condamnation comme à l’acquittement, tel n’a pas été le cas pour Soulaimane Raissouni, qui a même été privé de ses témoins », indique le communiqué.
« Le journaliste et rédacteur en chef du journal #Akhbar_Al_Youm, quotidien arabophone qui vient de mettre la clé sous la porte, a entamé cette grève de la faim ouverte après deux grèves d’avertissement pour protester contre son arrestation arbitraire depuis le 22 mai 2020, au cours de laquelle il a été privé de sa défense », peut-on lire.
« Soulaimane, qui a passé plus de 10 mois dans une cellule d’isolement à la prison d’Oukacha, n’a pas bénéficié de « récréation » avec les autres prisonniers », a souligné sa femme Khouloud Mokhtari.
« À partir d’aujourd’hui, la vie de #Soulaimane prendra un tournant, celui de la liberté et la justice ou celui de la mort », a-t-elle poursuivi.
Instrumentalisation des affaires de mœurs
« L’arrestation de mon mari entre dans le cadre de cette vague de répression que connait le Maroc. L’instrumentalisation des affaires de mœurs contre les journalistes et l’une des formes de cette répression à tout va », a-t-elle confié à Femina News.
Même son de cloche chez un membre du Comité de soutien du journaliste.
« La tentative de persuader l’opinion publique d’une « participation au viol » de Imad Stitou, tout comme celle de convaincre qu’un journaliste comme Omar Radi puisse commettre un acte aussi regrettable que le « viol » et l’ « agression sexuelle », entre dans le cadre de l’instrumentalisation des affaires de mœurs contre les journalistes », a-t-il confié sous couvert d’anonymat à Femina News.
« On veut discréditer les voix libres et les voix opposantes par l’usage des affaires de mœurs, notamment, les poursuites engagées à l’encontre des journalistes Maâti Monjib, Hicham Mansouri, Taoufiq Bouachrine, Hajar Raissouni, Omar Radi, Imad Stitou et Soulaimane Raissouni », a-t-il poursuivi.
Notons ans qu’un collectif féministe a vu le jour au Maroc dans ce sillage.
Le collectif féministe « Khmissa » dénonce l’instrumentalisation des causes féminines dans des règlements de comptes visant les journalistes et les militants des droits humains.
Pour le collectif, il s’agit d’un phénomène qui « entraîne inévitablement de nouvelles atteintes aux droits des femmes et qui contribue à renforcer les projections négatives à leur égard. Ce phénomène conduit de fait à l’exacerbation des formes de violences faites aux femmes ».