Le spectre de la mort hante Raissouni après 45 jours de grève de la faim

Le spectre de la mort plane sur la cellule de Raissouni après 45 jours de grève de la faim

Ce samedi 22 mai coïncide, jour pour jour, l’arrestation du journaliste Soulaimane Raissouni en 2020. Après 45 jours de grève de la faim, il se trouve, d’après plusieurs sources concordantes, en phase d’agonie. Le spectre de la mort hante sa cellule.

 

En détention provisoire depuis son arrestation le 22 mai 2020 devant son domicile à Casablanca, le journaliste Soulaimane Raissouni est dans une situation on ne peut plus alarmante après 45 jours de grève de la faim, dont cinq jours de jeûne complet pendant lesquels il refusait même de boire de l’eau.

Depuis vendredi dernier, il boycotte les appels téléphoniques. Car, semble-t-il, l’éditorialiste d’Akhbar Al Yaoum ne veut plus entendre les appels de sa famille et à leur tête son épouse, Kholoud Mokhtari, à suspendre sa grève de la faim. Cette dernière désespérée est allée jusqu’à la préparation d’un linceul pour ensevelir son mari.

Depuis le boycott du téléphone, les rumeurs fusent entre journalistes suscitant de vives inquiétudes auprès de ses soutiens ainsi que de l’opinion publique.

Depuis des journalistes de renommée sont entrés en ligne afin de trouver une issue avec les moindres dégâts à cette affaire qui n’a que trop duré.

Pendant qu’Ahmed Benchemsi a, tout en soulignant que même la prétendue victime « Adam Mohammed » « ne s’oppose pas, elle-même, à la liberté provisoire de son agresseur allégué », demandé de faire bénéficier Soulaimane Raissouni de son droit à un procès équitable.

Pour sa part, l’ancien rédacteur en chef et fondateur du Journal, Abou Bakr Jamai, a demandé à « tous les gens de bonne volonté d’aider à convaincre Soulaimane Raissouni d’arrêter sa grève de la faim », car de son point de vue, « on ne peut exercer de la pression sur ceux qui sont incapables de l’évaluer ».

Le correspondant de Bloomberg au Maghreb, Souhail Karam, a quant à lui affirmé que « la famille de Raissouni ainsi que la communauté de plus en plus réduite des journalistes indépendants au Maroc se préparent au funérailles de Soulaimane dont la  vie ne tient qu’à un fil après une grève de la faim de 7 semaines pour protester contre sa détention provisoire apparemment sans fin ».

Il n’y a pas que les journalistes, mais aussi des politiques et des penseurs comme Ali Bouabid, fils du grand politicien marocain Abderrahim Bouabid, qui a dénoncé « la punition préventive » dans le cas de Soulaimane Raissouni.

Raissouni va à la mort tête levée

Un pari qui serait difficile de réussir étant donné qu’avant d’entamer son mouvement, Raissouni aussi déterminé qu’il est a expliqué sa position.

«J’ai fait preuve de patience face à l’injustice pendant un an, alors que j’attendais que la voix de la sagesse et de la vérité se lève, mais aujourd’hui je suis à bout de patience », avait-il déclaré depuis sa cellule d’isolement.

« Je vais aller de l’avant, soit pour retrouver ma liberté, dont on m’en a privé arbitrairement, soit pour aller à la mort la tête levée et le cœur brisé. », avait-il commenté sa décision d’entamer une grève de la faim.

Un membre du comité de soutien de Raissouni a considéré que « le traitement judiciaire de cette affaire n’a pas été équitable et n’a pas respecté la présomption d’innocence ».

« C’est pourquoi Raissouni est allé jusqu’à l’usage de la dernière arme en sa possession. C’est le seul moyen d’action qui lui reste pour se faire entendre à l’extérieur de sa cellule », avait-il soutenu dans une déclaration sous couvert d’anonymat.

L’autosaisine du parquet

Rappelons que Soulaimane Raissouni a été arrêté devant son domicile à Casablanca. Il est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT, suite à une convocation de ce dernier par la police, après une autosaisine du parquet.

Son procès a été reporté, le 18 mai, à la demande de sa défense car très affaibli il ne pouvait même se tenir débout et n’arrivait même pas à parler, nous a confié son avocate Me Souad Brahma.

La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a refusé à plusieurs reprises de lui accorder la liberté provisoire tout comme son collègue Omar Radi bien qu’ils disposent de toutes les garanties.

Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».