Le journaliste Omar Radi, en détention préventive depuis neuf mois, a suspendu vendredi sa grève de la faim entamée il y a 21 jours pour des raisons de santé, a annoncé son père.
Ce journaliste de 34 ans est poursuivi pour avoir reçu des « financements étrangers », « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « viol » pour deux affaires différentes.
Son procès a été renvoyé à plusieurs reprises. Le dernier report en date est celui du mardi dernier, 27 avril, quand Omar Radi avait refusé la comparution à distance sous prétexte qu’il n’avait pas été avisé de cette décision du tribunal. Son comité de défense non plus n’a pas été mis au courant. La prochaine audience est prévue le 18 mai.
Omar Radi « a décidé de suspendre temporairement sa grève de la faim », à cause de « la détérioration significative de sa santé au cours des deux derniers jours », a écrit vendredi son père Driss Radi sur sa page Facebook.
Le militant avait entamé son mouvement dans l’espoir d’obtenir sa remise en liberté provisoire, après plusieurs refus de la justice marocaine.
Malgré la suspension de sa grève de la faim, Omar Radi « continue de défendre son droit constitutionnel à un procès équitable et à des poursuites en état de liberté », a souligné son père.
Reporters sans frontières a considéré qu’ « il est inacceptable que ces journalistes (Omar et Soulaimane) mettent leur vie en danger pour retrouver la liberté. »
#Maroc @Omar_Radi désormais en danger de mort n’a d’autre choix que de suspendre sa grève de la faim qui dure depuis 22 jours, entamée pour dénoncer 1 détention qui dure depuis le 29/7. Il est inacceptable que ces journalistes mettent leur vie en danger pour retrouver la liberté pic.twitter.com/RBNRoV9Uyi
— RSF_Afrique-du-Nord (@RSF_NordAfrique) April 30, 2021
Raissouni poursuit sa grève de la faim entamée depuis 22 jours
Un autre journaliste, Soulaimane Raissouni, en détention depuis onze mois et en grève de la faim depuis 23 jours, avec les mêmes revendications que M. Radi, poursuit pour sa part son mouvement.
Ce rédacteur en chef du journal Akhbar Al-Yaoum –qui a cessé de paraître mi-mars pour des raisons financières– est poursuivi pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant de la cause LGBT suite à une convocation de ce dernier par la police après une auto-saisine du parquet.
La prochaine audience de son procès, déjà renvoyé trois fois, est également fixée au 18 mai.
La justice marocaine a refusé à plusieurs reprises la liberté provisoire des deux journalistes, poursuivis dans des affaires distinctes mais toutes deux liées, selon leurs soutiens, à leurs publications critiques.
Les deux journalistes ont toujours nié les faits reprochés et leurs soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».
Les deux plaignants à l’origine des poursuites pour agression sexuelle les visant nient toute « instrumentalisation ». Les autorités marocaines, elles, mettent toujours en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.