343 femmes ont signé dimanche une tribune pour réclamer l’allongement des délais de recours à l’avortement, en France, au-delà de 12 semaines.
Militantes féministes, musiciennes, actrices ou politiques… Toutes ont fêté le cinquantième anniversaire du « Manifeste des 343 » par la signature de ce texte publié à la veille du 5 avril,
Sur les pas des « 343 salopes » qui affirmaient en 1971 avoir avorté illégalement, et qui a marqué l’histoire du droit à l’avortement en France, accordé quatre ans plus tard, elles espèrent marquer de nouveau l’histoire.
Cinquante ans plus tard, « nous n’avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps. Le patriarcat freine nos choix », écrivent les signataires dans le Journal du Dimanche.
Parmi elles, des actrices dont Béatrice Dalle, Julie Gayet,Marina Foïs; chanteuses (Vanessa Paradis, Yaël Naïm, Barbara Carlotti), réalisatrices (Catherine Corsini, Andréa Bescond) mais aussi journalistes, responsables politiques ou militantes (Audrey Pulvar, Assa Traoré, Alice Coffin, Caroline De Haas…).
Attal favorable à l’appel des 343 femmes
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dit dimanche « à titre personnel » être « favorable » à l’allongement du délai. « Je crois que le gouvernement regarde ça de près », a-t-il ajouté, soulignant que le Comité consultatif national d’éthique avait donné un avis favorable.
« Par rapport à l’avortement la loi en a fixé la limite: douze semaines de grossesse. Au-delà, les recours sont limités et conditionnés », d’une part aux « médecins qui statuent alors sur la +nécessité médicale+ d’interrompre une grossesse », et d’autre part « à notre situation socio-économique », écrivent ces 343 femmes.
« Les personnes concernées dotées de ressources pourront se rendre à l’étranger, dans des pays dont les législations plus progressistes leur permettront d’avorter dans des conditions sécurisées ».
« Enfin, privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l’indifférence », dénonce le texte.
« En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. En France. A l’étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l’une d’entre elles. Je suis solidaire.
J’exige la réelle maîtrise de mon corps, j’exige le respect de mon corps, de mes droits et de mes choix, j’exige l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) », conclut-il.
En février dernier, le retrait d’une proposition de loi pour allonger le délai d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines de grossesse avait provoqué des remous à l’Assemblée nationale. Le groupe socialiste avait dû y renoncer en raison des nombreux amendements déposés par la droite, accusée d’obstruction.