En marge des procès des journalistes Soulaimane Raissouni et Omar Radi, nous avons pris langue avec Ahmed Benchemsi, le directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, auprès de Human Rights Watch, qui a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses.
En tant qu’observateur international, le fondateur et rédacteur en chef des hebdomadaires TelQuel et Nishan a pointé du doigt « la détention injustifiée » de Raissouni et Radi depuis, respectivement, le 22 mai et le 29 juillet 2020. Entretien.
-Femina News : Que pensez-vous du déroulement des deux procès ?
-Ahmed Benchemsi : Je pense avant toute chose que les deux accusés devraient comparaitre en état de liberté et non pas en état de détention provisoire. Parce que la détention provisoire devrait être exceptionnelle et non pas la règle. Et quand elle est l’exception, elle devrait être justifiée par des documents émis par les autorités qui ont ordonné la détention préventive. Ces documents doivent être détaillés et personnalisés — pas par juste deux phrases générales qui parlent de la loi, mais ils doivent parler de la situation des accusés et détailler avec précision pourquoi la justice estime qu’ils devraient être en prison. Rien de tout cela n’a été fourni, ni pour Omar Radi ni pour Soulaimane Raissouni, et cela fait un an qu’ils sont en prison. C’est pour cela que je considère que leur détention provisoire est injustifiée au regard du droit international, et qu’ils devraient être libres.
Concernant le procès, celui de Raissouni n’a pas encore commencé donc je n’ai pas de commentaire à faire. Il y a eu plusieurs reports de séances pour des raisons relatives à sa santé.
-Qu’en est-il du procès de Omar Radi ?
-Concernant le cas de Omar Radi, ses avocats ont soulevé plusieurs vices de forme. Je ne vais pas tous les citer, mais je vais noter juste une chose, c’est qu’ils ont réclamé que des témoins qui ont été cités dans le dossier comparaissent. Mais le procureur a rejeté cette demande, estimant qu’il n’y a pas besoin qu’ils comparaissent. Le juge n’a pas encore tranché là-dessus. Je note juste ce qu’a dit le procureur, et je relève en tant qu’observateur des droits humains qui s’appuie sur le droit international, que présenter tous les moyens de preuve légitimes y compris les témoins est le droit de l’accusé. Et l’accusé ne doit pas être privé de ses droits.
-Comment jugez-vous l’arrestation de Soulaimane Raissouni étant donné qu’il n’avait pas reçu de convocation ?
-Pour moi, le plus important n’est pas la manière dont il a été arrêté, mais le fait qu’il soit en prison depuis un an. J’estime que c’est injustifié et qu’il devrait être libéré.