Entre la difficulté à décrocher un rendez-vous et la réticence de nombreux parents, la vaccination des enfants a commencé en France de façon poussive: si les autorités espèrent une accélération, certains se demandent si le timing est vraiment le bon.
D’abord ouverte mi-décembre aux enfants de 5-11 ans susceptibles de faire des formes graves du Covid-19, la vaccination a ensuite été élargie à tous les enfants de cette tranche d’âge, dans un pays où le Covid a jusqu’ici tué plus de 118.000 personnes.
Celle-ci démarre « doucement », a reconnu vendredi Alain Fischer, le « Monsieur vaccin » du gouvernement. A la date du 9 janvier, 115.000 enfants de 5-11 ans avaient reçu une première injection, soit 2%, a indiqué le ministère de la Santé mardi.
Comment expliquer un début si timide?
D’abord car les enfants ne peuvent pas être vaccinés partout.
Actuellement, la vaccination des enfants est possible dans 505 centres, contre 350 la première semaine de janvier et 100 en décembre, selon le ministère, qui espère augmenter ces chiffres. Ou chez les médecins de ville et pharmaciens, mais qui sont parfois limités dans leurs commandes de vaccins.
Autre obstacle: pour certains parents, la prise de rendez-vous s’est avérée plus complexe que prévu, faute de créneaux disponibles sur les sites dédiés.
Le ministère ne nie pas de problème et dit travailler à « mobiliser les acteurs pour augmenter encore ces chiffres ».
Au-delà de l’offre se pose également le problème de la demande.
Selon une enquête diligentée notamment par l’Inserm, l’organisme de recherche public français dédié à la santé, deux tiers des parents (67%) d’enfants âgés de 5 à 11 ans sont défavorables à leur vaccination.
Le sondage a été réalisé avant Noël, c’est-à-dire avant que la Haute autorité de la santé (HAS) ne la recommande.
Vendredi, M. Fischer a concédé qu’il faudra « faire de la pédagogie » pour accélérer la vaccination des plus jeunes.
Il a aussi regretté que suite à une demande du Conseil d’Etat, l’accord des deux parents, et non plus d’un seul, soit désormais nécessaire, « un obstacle » selon lui.
Pour ses partisans, la vaccination des 5-11 ans a des vertus collectives: limiter les contaminations venant des enfants.
Les sociétés savantes de pédiatrie se sont prononcées pour une vaccination rapide de tous les enfants présentant des maladies chroniques les exposant à un risque de forme grave de Covid.
Mais la campagne de rappel vaccinal des adultes reste la priorité et la vaccination des enfants ne doit pas la freiner, ont-elles estimé.
Selon l’infectiologue Benjamin Davido, la vaccination des enfants pourrait s’intensifier si les hospitalisations des plus jeunes grimpaient soudainement, créant un sentiment de panique, ou bien si la vague actuelle s’avérait beaucoup plus longue qu’attendu. Deux conditions qui restent à ce stade des hypothèses.