Les associations venant en aide aux migrants à Calais ont dénoncé lundi un « vol systématisé » de leurs affaires lors des expulsions de campements, une accusation récusée par la préfecture, qui annonce toutefois une adaptation du protocole censé leur permettre de les récupérer.
Des associations dont l’Auberge des migrants, Salam, Women’s refugee Center…, qui ont recensé 849 expulsions entre janvier et septembre 2021, rappellent qu’un protocole mis en place en 2018 par la préfecture doit permettre aux migrants de récupérer dans une « ressourcerie » les affaires confisquées lors des expulsions.
Mais ce dispositif, qu’elles ont décidé de ne plus cautionner « compte tenu des entraves toujours grandissantes mises en place par la Préfecture du Pas-de-Calais », n’est qu’un « écran de fumée » qui « permet à l’Etat de légitimer un vol systématisé et institutionnalisé », écrivent-elles.
Elles dénoncent des horaires d’ouverture très restreints, l’obligation pour les migrants de se faire accompagner par une association autorisée, mais également le fait que lorsqu’un migrant parvient à accéder à la ressourcerie, il lui est très difficile de retrouver ses biens (argent, téléphones, médicaments, papiers d’identité…) « parmi plusieurs tonnes d’autres amassées dans des conditions insalubres ».
« En 2020, sur le peu de personnes ayant eu accès à ce dispositif, 72,6% n’ont pas retrouvé ces effets de valeurs », selon le communiqué.
« De nombreux sacs à dos sont saisis pleins par les équipes de nettoyage et sont, par la suite, retrouvés vides », pointent les associations.
Alors que le protocole prévoit que les forces de l’ordre laissent le temps aux migrants de récupérer leurs affaires au début des opérations d’expulsion, « de manière récurrente, elles ordonnent aux personnes de quitter la zone expulsée sans leur laisser la possibilité d’en récupérer l’intégralité », dénoncent aussi les associations.
Les expulsions sont également selon elles « de plus en plus concomitantes avec les distributions de repas de l’opérateur de l’Etat La Vie Active », obligeant les migrants à « choisir entre protéger leurs biens ou avoir accès à l’eau et à la nourriture ».
Sollicitée par l’AFP, la préfecture a assuré que les migrants disposaient « d’un temps suffisant pour prendre leurs affaires personnelles, y compris les tentes, duvets et couvertures » et que « seuls les divers objets laissés sur les campements (étaient) récupérés » puis déposés à la ressourcerie.
« Le protocole de collecte et de restitution va évoluer dans les prochains jours: il prévoira la restitution des effets triés et séchés aux migrants sur des plages horaires plus adaptées », annonce la préfecture. Ce nouveau dispositif doit être présenté aux associations vendredi 22 octobre.