Le cas de la militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul, incarcérée depuis 2018, va être transféré à une cour chargée des affaires de terrorisme, a indiqué sa famille qui s’est inquiétée de son état de santé lors d’une nouvelle audience mercredi.
« Le cas de ma soeur @LoujainHathloul a été transféré à la Cour pénale spécialisée (ou) Cour (pour les affaires de) terrorisme »,
Concernant le cas de « ma sœur @LoujainHathloul , l’affaire a été transférée à la Cour pénale spécialisée, c’est-à-dire au tribunal du terrorisme. Plus de détails à venir. Merci à tous pour votre soutien. » a écrit sur Twitter Lina Hathloul.
Le procès de Mme Hathloul a débuté en mars 2019 devant la Cour pénale de Ryad, où les audiences ont été fermées à la presse et aux diplomates, selon sa famille et des militants.
Un tribunal pour faire taire les voix critiques
Lors d’une audience aujourd’hui devant la Cour pénale, « elle avait l’air faible, son corps tremblait (…) et sa voix était difficilement audible et tremblotante », a ajouté Lina Hathloul.
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La Cour pénale spécialisée a été créée en 2008 pour s’occuper des affaires terroristes, mais a largement servi depuis à juger des prisonniers politiques.
Amnesty International a estimé que ce tribunal a été utilisé pour faire taire les voix critiques, parmi lesquelles des religieux et des militants des droits humains, sous couvert de lutte antiterroriste.
Il n’y avait pas de commentaire dans l’immédiat des autorités du royaume, qui ont accentué la répression des voix dissidentes depuis l’accession en 2017 de Mohammed ben Salmane au statut de prince héritier.
Agée de 31 ans, Loujain al-Hathloul a longtemps milité pour le droit des Saoudiennes à conduire et pour la fin de la tutelle mettant la femme à la merci totale de l’homme.
Pour le droit de conduire !
Elle avait été arrêtée avec d’autres militantes en mai 2018 peu avant la levée de l’interdiction de conduire faite aux Saoudiennes.
Certaines avaient été libérées mais Mme Hathloul et d’autres avaient été maintenues en détention pour des accusations considérées par des ONG comme opaques, portant sur des contacts avec notamment des médias étrangers et des diplomates.
Loujain al-Hathloul a débuté une grève de la faim en prison le 26 octobre pour réclamer des contacts réguliers avec sa famille, selon ses soeurs. Amnesty a indiqué mercredi qu’elle y avait mis un terme deux semaines plus tard.
« Elle était réveillée par des gardiens toutes les deux heures, jour et nuit, comme une tactique brutale pour la briser », a indiqué l’ONG sur Twitter.